L'histoire de la petite maison de Paule

Paule, ma mère est née le 6 mars 1953.

Son rêve était de vivre dans une maison avec un jardin.

En 1993 après un grave accident de la circulation avec mes parents, ma mère perd son œil gauche. Elle est indemnisée par l'assurance et "grâce" à ça peut acheter la maison dont elle rêvait tant.

J'avais 14 ans et elle 40. Elle vient de divorcer d’avec mon père.

Nous avons fait les travaux pour faire cette maison aux goûts de ma mère.

Elle y était très heureuse et y a vécu de très bons moments ; Fiestas, mariage, anniversaires, fêtes des mères, Noëls, Pacques...

Elle y a aussi vu grandir ses petits-enfants, mes enfants, Laly m'a fille née en 2004 et Mayron mon fils né en 2009.

Elle les a beaucoup gardé et leur faisait faire des chasses au trésor dans le jardin, s'occuper des fleurs, des plantations, des jeux de société... Une grand-mère comblée.

Elle est tombée amoureuse des poules. Ça a commencé par des décorations, jusqu'au jour où elle en a eu des vraies. Et là ça a été d'aller chercher les œufs avec les enfants et leur faire des œufs à la coque avec des tranches de pain de mie, du beurre et du jambon. Elle s'est épanouie dans cette maison qu'elle adorait et l'appelait

"ma petite maison"

Les poules Coquette et Marguerite sans oublier le petit Piou Piou

Depuis quelques années elle a du mal à respirer. Ça a commencé un peu avant 2010. Le médecin la traite pour de l’asthme de l’ancien fumeur ; Elle avait arrêté de fumer en janvier 2001, c’était sa bonne résolution de l’année.

Puis est arrivé son premier cancer. Un polype à la vessie découvert en novembre 2012 certainement dû à la cigarette. Elle s'est faite opérée début 2013.

Malgré que ce soit très difficile elle a repris goût à la vie grâce à son compagnon, Christian, qu'elle avait rencontré en octobre 2010.

Puis un nouveau cancer au poumon découvert en mai 2015. Elle a travaillé étant jeune dans une usine pour pièces automobiles et a respiré du trichloréthylène pendant des mois, plus la cigarette... Elle est ressortie de chez le médecin avec aucun espoir. Il ne pouvait rien faire, c’était inopérable. Quelques jours plus tard le médecin la rappelle pour lui annoncer qu'il y aurait peut être une solution qui s'appelle le cyberknife, une radiothérapie précise qui agit là où l’opération est impossible. Elle a alors été à Lille en juillet et miraculeusement elle guéri de ce cancer.

Puis pour stabiliser, elle a eu une chimiothérapie de quelques mois.

Mais ce cancer a libéré une métastase qui s’est logée dans la tête du côté droit et qui a été découverte en décembre 2015.

Comme le cyberknife a été bénéfique pour le poumon, elle a demandé à le refaire pour la tête en 2016 et ça a fonctionné aussi bien que pour le poumon.

Malgré les traitements et les soins très lourds. Entre chaque cancer elle profite de la vie avec Christian. Voyages, vacances, tours de France pour visiter la famille et les amis, brocantes, vides maisons, promenades...

Elle profite aussi de nous, de sa fille et de ses petits-enfants mais également de sa petite maison.

Elle reprend peu à peu confiance. Elle se réconforte dans les prières depuis plusieurs années déjà. Elle qui était croyante.

Elle a de plus en plus de mal à respirer. Les médecins diagnostiquent une BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive). Ce qui a été traité comme de l’asthme depuis des années était en fait une BPCO mal diagnostiquée car pas très connue à l’époque. Les médecins la mettent sous respirateur portatif pour la soulager en cas d’effort comme la marche, les courses, les sorties etc…

Puis en 2017 après une visite de contrôle. Ils découvrent un méningiome à la tête du côté gauche. Bénin pour le médecin alors il ne fait rien.

La BPCO s’aggrave et elle est sous respirateur permanent. Le portatif quand elle sort et le fixe pour la maison et même la nuit.

Moi je pars faire ma vie au Pays Basque avec mes enfants en octobre 2019 et je reviens la voir tous les 4 mois (un peu compliqué avec le covid qui arrive).

Le méningiome augmente et en 2020 s'avère cancéreux. Il appuie sur le cerveau. Elle a du mal à parler et se paralyse petit à petit du côté droit. Jambe, bras. Elle cherche ses mots. Elle veut refaire le cyberknife en août 2020 mais cette fois-ci ça ne fonctionne pas. Elle a de l'œdème autour de la tumeur.

Après le cyberknife, elle est sous chimiothérapie.

Elle a de plus en plus de mal à marcher, à parler, à se servir de sa main droite et la douleur se fait ressentir.

Un matin en voulant aller à une séance de chimiothérapie, en mettant ses chaussures elle tombe et se casse le poignet droit.

Elle apprend à se servir de la main gauche même pour écrire. Elle écrit ses mémoires, ce qu'elle fait la journée, les infirmiers qui passent quotidiennement, les aides ménagères, nous quand on vient la voir, Christian aussi et ses autres amis et surtout la souffrance, physique et morale qu'elle endure. Elle ne peut plus s'occuper de son jardin, ne peux plus conduire, n'a plus aucune activité. Elle a mal à sa jambe et a du mal à respirer.

En octobre 2022 elle rentre à l'hôpital. Elle a attrapé le covid.

On me téléphone le 18 octobre pour m'annoncer que ma mère ne passerait pas la journée. J’étais prête à remonter la voir puis 2h30 après une amie me dit qu'elle s'est stabilisée et qu'elle est transférée en réanimation.

Elle restera presque 3 mois à l'hôpital dont 3 semaines en réanimation.

Le covid n’est plus, la tumeur est séchée mais il reste encore cet œdème.

Elle sort le 27 décembre 2022 très affaiblie par ces 3 mois d’hôpital où elle n'a quasiment pas bougé. Les muscles se sont atrophiés.

Nous venons la voir pour les vacances scolaires de février 2022. Où elle revit et elle l'écrit dans son journal. Elle retrouve espoir.

Elle a du mal à se déplacer et à respirer mais revoir sa fille et ses petits-enfants l'aide à tenir malgré les souffrances...

Nous rentrons de notre petit séjour.

Son compagnon me téléphone le dimanche 27 février, soit 4 jours après notre départ. Elle n'a pas parlé de la journée et n'a pas bougé de son lit. Les pompiers viennent la chercher. Elle passera 1 mois à l'hôpital et le 28 mars 2022 donnera son dernier souffle à 10h30 en compagnie Christian qui l'a accompagnée jusqu'à la fin.

J'ai voulu arriver avant qu'elle ne parte, la voir une dernière fois, lui faire voir que j'étais là pour elle comme elle a toujours été là pour moi et l'accompagner mais à cause de la distance je suis arrivée trop tard malheureusement.

Elle ne rentrera plus dans sa petite maison et quand j'y suis allée tout était à sa place. Sa bouteille d'eau avec les citrons dedans, ses affaires sur la table...

Comme si elle venait de partir et qu’elle allait revenir. Sauf que cette fois elle ne rentrera pas.

Sa petite maison tant aimée ne ressemblait plus à la petite maison qu'elle avait faite au début. Des médicaments partout, sur la table, le buffet, dans la salle de bain, la cuisine, les placards... La canne, le déambulateur.... Je ne pouvais plus voir cette maison comme ça !

J'ai enlevé tous ces médicaments, cannes, déambulateur, aérosols... Pour retrouver sa petite maison, celle qu'elle avait faite quand tout allait bien, celle qu’elle aimait tant.

Impossible de la vendre car ma mère y tenait énormément et c'était son rêve.

Impossible de la louer et que d'autres meubles y soient mis, les cadres enlevés où les murs repeints... Ou que la maison soit dégradée.

Elle était tellement fière de cette petite maison et l'aimait tellement que j'ai décidé de la garder.

La transformer en gîte pour que les gens connaissent cette petite maison et son histoire.

La petite maison de Paule.


Une lionne, une femme très courageuse, combattante, gentille, généreuse,

avenante, aimante et attentionnée.

Le cœur sur la main, toujours prête à aider quelqu'un dans le besoin même si elle ne le connaissait pas.

Elle s'inquiétait pour les autres malgré qu'elle soit dans un pire état.

Une femme qui ne laissera que de bons souvenirs à tous ceux qui l’ont connu.

Un exemple pour tout le monde.


Elle aimait la vie et ne voulait pas nous abandonner. Elle voulait continuer à voir grandir ses petits-enfants mais elle ne verra jamais les 18 ans de Laly, sa petite fille qui les fête le 22 octobre 2022, elle s’est battue pour connaitre leurs vies, leurs permis, leurs études, leurs mariages et ses arrières petits-enfants…

Une héroïne qui a mis 4 cancers et le covid KO mais qui sur la fin était tellement fatiguée de se battre depuis toutes ces années avec toutes ces maladies qu’elle a décidé de se reposer. Elle venait tout juste d’avoir 69 ans.

C’est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir respecter ce lieu, cette petite maison pleine d’âme et de la laisser telle que vous l’avez trouvé en arrivant.

Et nous espérons que vous y passerez un excellent séjour comme nous y avons passé d’excellents moments.


Merci


Gaëlle – Laly - Mayron

Les photos des travaux qu'elle à fait

À l'achat de la maison.

Devant.

Avant la véranda, l'installation du carport, l'enlèvement de la vigne et de l'arbre.

Derrière.

Avant la coupe des arbres, la construction de la véranda qui était la terrasse avant et de l'aménagement du jardin.

L'intérieur de la maison

l'installation de la véranda

l'installation du poulailler